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Agoraphobie : 7 signes révélateurs (+ traitements)

Antoine Peytavin et son équipe de psychologues de Psychologue.fr, diplômés et enregistrés au RPPS, rédigent et valident chaque article avec la plus grande rigueur.

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Prendre le métro à l’heure de pointe, déambuler dans un centre commercial, profiter d’une séance de cinéma en amoureux… Ces actes banals du quotidien représentent une source d’appréhension extrême pour une personne souffrant d’agoraphobie.

Ses pires craintes ? Se retrouver dans une situation ou dans un endroit dont il lui serait impossible de s’échapper. Ou encore, ne recevoir aucune aide en cas de problème ou d’attaque de panique. L’agoraphobie, qui se classe parmi les troubles anxieux, impacte le fonctionnement social et professionnel de celui ou celle qui la subit.

L’anxiété prend parfois des proportions telles que certains individus finissent par ne plus sortir de chez eux, pétrifiés à l’idée d’affronter les situations qui les tétanisent. Les experts de PsyVize font le point sur ce trouble de santé mentale encore trop souvent réduit à la peur de la foule.

Qu’est-ce que l’agoraphobie ? (Définition)

Au même titre que l’anxiété de séparation et la phobie sociale, l’agoraphobie fait partie des troubles anxieux. D’après le Manuel MSD, cette dernière se déclenche plutôt aux alentours de 20 ans. La peur et l’anxiété excessives entraînent des perturbations comportementales. Les types de situations redoutées et les croyances associées distinguent ce trouble des autres.

L’agoraphobie ne se réduit pas à la peur de la foule

L’étymologie du terme « agoraphobie » et sa définition grand public limitent, à tort, le trouble à une peur de la foule. En effet, l’agorá de la Grèce antique désignait « la place publique, l’assemblée », tandis que le terme grec phóbos renvoyait à « l’effroi, la peur ». Le psychiatre et neurologue allemand Carl Westphal a inventé ce terme en 1871 pour caractériser la peur et la détresse de certains de ses patients lorsqu’ils se trouvaient sur l’une des grandes places de Berlin.

Dans son ouvrage Les phobies : faut-il en avoir peur ?, Antoine Pelissolo explique que l’origine du terme crée une ambiguïté. L’agoraphobie reflète-t-elle alors une peur du lieu en lui-même ou une peur des autres ? Le psychiatre répond que ce n’est aucune des deux. La personne agoraphobe redoute surtout ce qui pourrait se produire en elle, comme un malaise ou une crise d’angoisse qui se manifesterait sans prévenir. Le lieu « joue donc un rôle dans le déclenchement » de la peur et l’individu imagine les pires scénarios catastrophes.

Une phobie complexe
Qu’il s’agisse de claustrophobie, d’amaxophobie ou d’hypocondrie, chaque phobie est particulière. Le psychiatre Jean-Luc Émery, dans Surmontez vos peurs : vaincre le trouble panique et l’agoraphobie, parle d’une « phobie complexe » où s’imbriquent l’anxiété anticipatoire, la fuite ou les comportements d’évitement, les conduites de sécurité et les objets contraphobiques. L’agoraphobie peut concerner une large diversité d’espaces à éviter, comme les grands espaces en ville ou dans la nature, mais aussi les transports en commun, les espaces restreints, situés en hauteur ou sous terre.

Que révèlent les témoignages des agoraphobes ?

Les témoignages des agoraphobes révèlent qu’ils affrontent certaines situations dans la souffrance ou qu’ils cherchent à les éviter à tout prix. Assez logiquement, ces comportements entament leur autonomie et les rendent parfois dépendant de leur entourage. La plupart se sentent coupables, honteux, plus faibles que les autres, voire déprimés. Le psychiatre Franck Peyre met en avant ces points communs aux agoraphobes dans son guide pratique Faire face à l’agoraphobie.

Le témoignage de Bernard, 34 ans, met l’accent sur la peur de mourir d’une attaque de panique au volant. Il craint de provoquer un accident en perdant le contrôle de son véhicule. Ce chauffeur de bus en arrêt de travail évite, par exemple, de conduire en ville à cause du risque plus élevé d’embouteillages. Hélène, 40 ans, est pétrifiée à l’idée de perdre connaissance devant les autres. Elle fuit la cafétéria de son travail, les files d’attente dans les supermarchés et est devenue dépendante d’une autre personne pour réaliser les actes de la vie quotidienne.

Est-ce que l’agoraphobie est une maladie ?

Non, l’agoraphobie n’est pas une maladie au sens strict du terme mais un trouble de santé mentale, répertorié en tant que tel dans le DSM-5, la dernière version du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux. Il est présenté parmi les troubles anxieux, entre le trouble panique et l’anxiété généralisée.

Ce trouble impacte significativement le quotidien de celles et ceux qui en souffrent. Il limite leurs activités habituelles et leurs interactions, tant dans la sphère professionnelle que privée. L’agoraphobie provoque une détresse émotionnelle importante et altère la qualité de vie.

Agoraphobie et trouble panique
Selon les chiffres rapportés par le Manuel MSD, “30 à 50 % des sujets souffrant d’agoraphobie ont aussi un trouble panique”. Ce dernier se caractérise par des attaques de panique à répétition, auxquelles se superposent une anxiété anticipatoire ainsi que des comportements d’évitement. Néanmoins, l’agoraphobie peut se manifester sans antécédents de crises de panique.

7 signes caractéristiques de l’agoraphobie

Les signes de l’agoraphobie se distinguent de ceux propres aux autres troubles anxieux par les types de situations craintes ou évitées ainsi que par les pensées ou croyances qui en découlent. Les sept signes suivants doivent vous mettre la puce à l’oreille : la peur de sortir de chez soi, l’évitement de certaines situations, la crainte de perdre le contrôle, le besoin d’être accompagné par une personne de confiance, la restriction des activités quotidiennes, l’appréhension de faire une crise de panique et les sensations physiques désagréables.

Signe n° 1 : La peur de sortir de chez soi

Le simple fait de quitter votre domicile pour aller travailler ou profiter d’une sortie entre amis représente une réelle épreuve. Sortir de chez vous l’espace de quelques minutes, pour aller chercher le pain par exemple, s’avère tout aussi angoissant. Vous avez l’impression que le monde extérieur est truffé de pièges dont vous pourriez difficilement vous extirper.

Cette peur, que vous maîtrisiez sans doute plus ou moins au départ, a grignoté votre sérénité, cédant la place à une appréhension qui ne vous quitte plus. Hors de votre cocon, vous vous sentez vulnérable, loin de votre zone de confort et de sécurité.

Signe n° 2 : L’évitement de certaines situations

Votre niveau d’anxiété est tel que vous évitez à tout prix d’affronter certaines situations, persuadé que le pire pourrait advenir. Vous vous détournez des lieux publics qui seraient trop difficiles à quitter rapidement, tels que les centres commerciaux ou les salles de spectacle, ou encore des transports en commun.

Vos stratégies d’évitement sont de nature comportementale (par exemple, vous faites uniquement vos courses par drive pour ne plus mettre les pieds dans un supermarché, vous avez bousculé toute votre routine quotidienne pour prendre le bus plutôt que la voiture) ou de nature cognitive (dans ce cas, vous mettez en place des distractions et des ruses pour affronter la situation anxiogène).

L’évitement excessif mène au repli sur soi
Plus vous évitez les situations redoutées, plus la peur qui y est associée persiste ou s’aggrave. À force de fuir les situations qui vous angoissent, vous risquez de vous replier totalement sur vous-même et de vivre reclus à votre domicile. Votre appréhension a peut-être atteint un tel degré que vous préférez vous terrer chez vous, ce qui entrave profondément votre liberté de déplacement et vos interactions sociales.

Signe n° 3 : La crainte de perdre le contrôle

Par peur de perdre le contrôle de vous-même ou de votre environnement dans une situation anxiogène, vous évitez les contextes où cette maîtrise pourrait vous échapper. Vous ne parvenez plus à vous sentir en sécurité dans un environnement imprévisible ou inconnu.

Dans les espaces qui vous tétanisent, vos craintes se démultiplient : peur de faire un malaise, de ne plus parvenir à vous maîtriser, de perdre le contrôle de vous-même, de causer des problèmes, d’être incapable de faire face à une situation stressante, de devenir fou, voire de mourir sur place.

Vos craintes sont propres à l’anxiété anticipatoire. Vous craignez pour votre intégrité physique et mentale. De ce fait, vous êtes terrorisé à l’idée de ne pas pouvoir fuir certains endroits.

Signe n° 4 : Le besoin d’être accompagné par une personne de confiance

L’anxiété est à son comble lorsque vous vous retrouvez seul dans des endroits et des situations redoutés. Vous avez l’impression que le sentiment de sécurité ne peut pas venir de vous mais d’une personne de confiance extérieure ou d’un objet. C’est pourquoi vous ressentez le besoin impérieux qu’un accompagnant se trouve à vos côtés pour vous aider à affronter les situations phobogènes, notamment si vous avez besoin d’aide ou de secours.

Cette présence vous est essentielle afin d’affronter les situations que vous ne pouvez fuir et, surtout, de vous rassurer. Par exemple, vous faites le tour de votre répertoire dans le but de trouver un accompagnant si vous devez effectuer un long trajet en voiture, ou encore vous refusez d’entrer dans l’ascenseur de votre immeuble sans votre conjoint.

Malheureusement, ce comportement impacte votre autonomie et vous emprisonne dans une situation de dépendance affective, voire de dépendance amoureuse.

Signe n° 5 : La restriction des activités quotidiennes

Conséquence directe de la peur et de l’anxiété liées à des situations et des lieux précis, vous avez restreint considérablement vos activités habituelles. Par exemple, vous avez diminué la fréquence de vos sorties entre amis, jusqu’à ne plus parvenir à vous joindre à eux. Ou encore, vous avez cessé de fréquenter votre supermarché habituel ou de voyager si cela implique d’emprunter les transports en commun.

Toutes ces barrières entravent divers aspects de votre vie : obligations professionnelles, interactions sociales, loisirs, épanouissement relationnel. Un véritable cercle vicieux se met en place. Plus vous diminuez la fréquence de vos activités, plus la peur gagne du terrain. Vous ne parvenez plus à participer pleinement à la vie sociale et à atteindre vos objectifs personnels.

Signe n° 6 : L’appréhension de faire une crise de panique

L’appréhension de faire une crise de panique dans un contexte ou un endroit spécifique fait partie des signes révélateurs de l’agoraphobie, surtout si vous avez été confronté à une telle situation par le passé. Vous vivez avec l’angoisse constante de subir une nouvelle crise à cause de toutes les sensations physiques et psychologiques qui y sont associées. Votre état d’anxiété atteint des sommets et vous ne parvenez plus à affronter sereinement le quotidien.

Vous avez l’impression d’être englué dans une spirale infernale faite de peur et de stress. Les sensations physiques alimentent l’anxiété et cette dernière les intensifie à son tour. Vous craignez tellement d’être confronté à un tel scénario que vous déclenchez des signes anxieux comme des nausées, des sensations de vertige, une accélération du rythme cardiaque ou des palpitations.

Signe n° 7 : Les sensations physiques désagréables

L’exposition aux situations redoutées, ou même leur simple anticipation, déclenche en vous toute une palette de sensations physiques très désagréables et liées à votre état d’anxiété. Douleurs thoraciques, impression d’étouffer ou de suffoquer, tremblements, frissons et gêne abdominale font partie des sensations les plus courantes.

Ces signes vous laissent présager le pire. Vous les interprétez comme autant de menaces ou de dangers imminents. Bien entendu, ils ne représentent pas forcément une menace réelle pour votre sécurité. Ces sensations physiques renvoient à une réaction normale de votre corps face à l’anxiété.

Concentrez-vous sur votre respiration
Vous sentez que les palpitations ou les bouffées de chaleur vous envahissent ? Prenez quelques secondes pour vous concentrer sur votre respiration. Inspirez lentement par le nez en laissant votre abdomen se gonfler totalement, puis expirez doucement par la bouche. Vous devriez ressentir un apaisement et une diminution de ces sensations physiques désagréables.

Comment guérir de l’agoraphobie ?

Il est tout à fait possible de guérir de l’agoraphobie et de retrouver un quotidien plus apaisé grâce au soutien d’un professionnel de santé et à une approche thérapeutique appropriée. Le Manuel MSD précise que ce trouble anxieux disparaît parfois sans traitement spécifique car les patients parviennent à élaborer leur « propre forme de thérapie par exposition ».

Néanmoins, lorsque les signes perturbent la vie privée, sociale ou professionnelle du sujet, un soutien médical s’avère nécessaire. Le traitement de l’agoraphobie repose le plus souvent sur la thérapie cognitive et comportementale, éventuellement associée à un traitement médicamenteux.

Se faire diagnostiquer

Vous vous reconnaissez dans les signes de l’agoraphobie détaillés ci-dessus ? Seul un professionnel de santé mentale possède toutes les clés pour poser un diagnostic fiable et précis après s’être entretenu avec vous et vous avoir proposé des tests scientifiquement validés.

Un premier test en ligne vous permet de faire le point mais il reste nécessaire de prendre rendez-vous avec un psychiatre ou un psychologue. Si nécessaire, votre médecin traitant vous orientera vers un spécialiste. Le DSM-5 précise les caractéristiques diagnostiques propres à l’agoraphobie.

La peur ou l’anxiété se déclenche par une exposition réelle ou anticipée à deux des cinq situations suivantes, voire plus :

  1. Utiliser la voiture ou prendre les transports publics, comme les bus, trains, bateaux ou avions.
  2. Se trouver dans des endroits ouverts comme des parkings, marchés ou ponts.
  3. Se trouver dans des endroits clos comme des boutiques, théâtres ou cinémas.
  4. Être dans une file d’attente ou dans une foule.
  5. Être seul à l’extérieur de son domicile.

Les exemples donnés dans l’ouvrage de référence ne sont pas exhaustifs. De plus, le psychiatre ou le psychologue évalue si votre état d’anxiété persiste depuis six mois ou plus. Par rapport au danger réel lié aux situations agoraphobogènes et au contexte socioculturel, l’anxiété doit s’avérer disproportionnée et présenter un retentissement significatif au niveau de votre fonctionnement social et professionnel.

Parallèlement au diagnostic d’agoraphobie, le professionnel de santé pose souvent celui d’un autre trouble mental. C’est le verdict auxquels font face de nombreux patients agoraphobes. Dans la majorité des cas, un autre trouble anxieux (comme l’anxiété de séparation, le trouble panique ou les phobies spécifiques) précède l’apparition de l’agoraphobie. Au contraire, les signes d’une dépression ou le développement d’addictions apparaissent plutôt quand l’agoraphobie est bien installée.

Les femmes sont davantage touchées par l’agoraphobie
Le DSM-5 évalue à 1,7 % le nombre d’adolescents et d’adultes recevant un diagnostic d’agoraphobie chaque année. Les femmes présentent un risque deux fois plus important que les hommes de déclencher ce trouble anxieux.

Suivre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) offre de grandes chances de rétablissement. Grâce à elle, le patient met le doigt sur ses modèles de pensée négatifs, ses croyances irrationnelles et ses comportements d’évitement, qui le maintiennent prisonnier de l’agoraphobie. Cette identification préalable permet de mettre en place une restructuration cognitive pour remplacer les pensées anxieuses et négatives par des pensées plus réalistes et positives.

La TCC englobe un large éventail de stratégies cognitives et comportementales, dont la thérapie par exposition. De manière contrôlée et progressive, elle expose la personne agoraphobe aux situations et aux stimuli tant redoutés. Grâce à l’imagerie guidée, à la réalité virtuelle ou à l’exposition en situation réelle, le patient développe ainsi une plus grande tolérance à l’anxiété, constate que ses craintes anticipées ne se réalisent pas et reprend confiance en lui.

L’hypnose, une approche complémentaire à la psychothérapie
La communauté scientifique ne retient pas l’hypnose en tant que traitement principal de l’agoraphobie. Néanmoins, cette approche complémentaire à la TCC mène le patient à un état de relaxation profonde aidant à réduire son stress chronique et son anxiété. L’hypnose facilite également l’accès aux souvenirs et aux émotions liées à l’agoraphobie, ce qui permet de remonter à l’origine du problème.

Prendre un traitement médicamenteux, en complément de la psychothérapie

En soi, les médicaments ne traitent pas la cause de l’agoraphobie mais les signes qui y sont associés. Dans un premier temps, ils permettent de soulager les crises d’angoisse ou de panique et les signes anxieux puis vont améliorer l’humeur du patient, en favorisant la régulation des niveaux de sérotonine dans son cerveau.

Selon la gravité des signes et la situation individuelle de la personne, médecins traitants et psychiatres choisissent éventuellement de prescrire des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Ces médicaments appartiennent à la classe des antidépresseurs et ne se limitent pas à soulager les phases ascendantes de la dépression, comme c’est le cas dans la dépression chronique ou la dépression réactionnelle.

L’agoraphobie se soigne
L’agoraphobie reste méconnue du grand public et sujette à de nombreux raccourcis. Si l’évitement des endroits et des contextes phobogènes finit par mener à un repli total sur soi, la psychothérapie continue de faire ses preuves dans le traitement de ce trouble anxieux.
Vous ne parvenez plus à vous rendre dans certains endroits sans avoir la boule au ventre ? Vous ne cessez d’imaginer des stratégies d’évitement pour faire taire votre anxiété ? N’attendez pas que la situation empire et faites-vous accompagner au quotidien par l’un de nos psychologues.

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