La dépression est-elle héréditaire ? Ce que dit la science (2026)

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La dépression n’est jamais due à une seule cause. L’Inserm estime que les facteurs génétiques expliquent environ 35 à 40 % du risque de dépression au cours de la vie (Inserm).

Le reste provient de facteurs psychologiques, biologiques et environnementaux. Cela veut dire deux choses à la fois : il existe bien une part héréditaire, mais elle ne condamne personne et vous laisse une large marge de manœuvre personnelle.

Vous n’êtes ni « programmé », ni totalement à l’abri. Cette idée de vulnérabilité mais non-fatalité est au cœur de la compréhension moderne de la dépression. Il est donc essentiel de saisir ce que cela implique pour votre histoire familiale, votre présent et vos choix futurs.

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La dépression est-elle une fatalité héréditaire ou évitable ?

Non, la dépression n’est pas une fatalité, même si vous avez une forte histoire familiale. Les études sur les familles et les jumeaux montrent une héritabilité d’environ 37 % pour la dépression majeure. Cela signifie qu’une partie du risque vient des gènes, mais qu’une part plus grande encore dépend de l’environnement, des événements de vie, de votre histoire personnelle et de la façon dont vous y faites face.

Les grandes institutions de santé (Inserm, HAS, OMS, MSD) décrivent toutes la dépression comme un trouble multifactoriel complexe et évolutif : hérédité, biologie du cerveau, facteurs hormonaux, psychologiques, stress chronique, isolement, traumatismes, etc. La Haute Autorité de Santé rappelle d’ailleurs que l’« étiologie de la dépression est multifactorielle (facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux) » (HAS). Concrètement, cela veut dire qu’aucun facteur isolé ne suffit à expliquer à lui seul la survenue d’un épisode dépressif.

Concrètement : avoir des parents dépressifs peut augmenter votre vulnérabilité, mais ne décide pas de votre avenir. Des éléments comme l’accès à des soins, la psychothérapie (en particulier la thérapie cognitivo-comportementale – TCC), l’activité physique, la qualité de votre entourage, la gestion du stress et, parfois, les traitements médicamenteux peuvent fortement réduire ce risque ou en limiter l’impact. Vous pouvez donc apprendre à mieux vous protéger tout en connaissant votre terrain familial.

Le saviez-vous ?

En cas de dépression, un psychologue peut vous aider à mettre des mots sur ce que vous traversez, comprendre ce qui entretient la souffrance, et retrouver progressivement de l’élan au quotidien. Vous pouvez consulter un psychologue spécialisé dans le traitement de la dépression pour être accompagné(e) pas à pas vers une guérison de la dépression.

Hérédité et marge de manœuvre : résumé clair

Voici un tableau pour vous aider à visualiser ce qui est « donné » et ce qui reste entre vos mains. Il distingue les aspects influencés par l’hérédité et ceux sur lesquels des actions concrètes et ciblées sont possibles, même lorsque la dépression « court » dans la famille.

Ce qui peut être influencé par l’hérédité Ce qui reste modifiable (même avec un terrain familial)
Sensibilité au stress, anxiété de base plus élevée Apprentissage de techniques de régulation émotionnelle ciblée (TCC, relaxation, méditation guidée)
Risque plus élevé de dépression si un parent/sœur/frère est atteint (données NHS : le risque augmente en cas de proche atteint(NHS)) Accès précoce à un suivi psychologique, repérage des signes d’alerte, mise en place de stratégies de prévention
Tendance à ruminer, à se dévaloriser, à voir systématiquement le négatif Restructuration cognitive (TCC), travail sur l’estime de soi durable, psychoéducation
Réactivité biologique au stress (système neuroendocrinien, neurotransmetteurs) Hygiène de vie (sommeil, activité physique, consommation d’alcool), gestion raisonnée du rythme de travail et des pauses
Vulnérabilité à certains épisodes dépressifs récurrents au cours de la vie Traitement adapté (psychothérapie, antidépresseurs si besoin), réseau de soutien, aménagements professionnels ciblés

Dépression « génétique » : de quoi parle-t-on vraiment ?

Quand vous lisez « dépression génétique » ou « dépression héréditaire », cela ne veut pas dire qu’il existerait une maladie fixe qui se transmettrait comme la couleur des yeux. Les grandes revues médicales, comme le MSD Manuals, insistent : la cause exacte est inconnue, mais elle est probablement multifactorielle, entre gènes et environnement (Msdmanuals). Il n’existe donc pas une forme unique de « dépression génétique » clairement isolable.

La génétique, ici, renvoie à l’idée de prédisposition plus ou moins marquée : certains d’entre nous naissent avec un terrain qui rend plus sensible aux événements de vie, aux pertes, au stress. Mais la dépression survient en général quand ce terrain rencontre des circonstances défavorables et prolongées (rupture, harcèlement, surmenage, isolement, maladie somatique, etc.). L’Organisation mondiale de la Santé rappelle que la dépression « résulte d’une interaction complexe de facteurs sociaux, psychologiques et biologiques » (OMS).

Dépression, épisode dépressif, trouble bipolaire : poser les bases

Tout n’est pas « dépression » au sens clinique. Pour mieux comprendre votre situation, il est important de distinguer plusieurs réalités, car chaque diagnostic implique un pronostic et une prise en charge différents. (HAS) Ces nuances permettent d’éviter les confusions et les généralisations abusives.

  • Épisode dépressif caractérisé : tristesse intense ou perte d’intérêt pendant au moins deux semaines, associée à plusieurs symptômes (fatigue, troubles du sommeil, culpabilité, ralentissement, idées noires…). C’est ce que les recommandations de la HAS décrivent comme le cadre clinique de référence en médecine générale.
  • Troubles dépressifs récurrents : répétition d’épisodes dépressifs au fil des années, séparés par des phases de mieux-être. Ici, la question du risque de rechute et de prévention devient centrale.
  • Trouble bipolaire : alternance d’épisodes dépressifs et d’épisodes d’humeur élevée ou irritable (hypomanie ou manie). Le lien avec la vulnérabilité génétique y est souvent plus marqué, ce qui modifie les approches thérapeutiques.
  • Coup de blues, tristesse réactionnelle : réaction normale à un événement douloureux (rupture, perte d’emploi, deuil). Cela peut être très dur à vivre, mais ce n’est pas toujours une dépression au sens médical strict.

Pourquoi ces distinctions comptent ? Parce que le risque héréditaire, la durée, les traitements et le suivi ne sont pas les mêmes. Une histoire familiale de trouble bipolaire, par exemple, n’a pas les mêmes implications qu’une histoire familiale d’épisode dépressif isolé après burn-out. Mieux nommer ce que vous ou vos proches avez vécu aide à adapter la prévention.

Hérédité, génétique, prédisposition : faire la différence sans jargon

Hérédité signifie simplement qu’un trait (ou un risque) a tendance à se transmettre dans une famille. C’est une observation statistique répétée : quand plusieurs membres d’une même famille ont connu une dépression, le risque est plus élevé pour les autres, même si ce n’est jamais une certitude.

Génétique renvoie au niveau biologique : il s’agit des variations dans l’ADN qui influencent la façon dont votre cerveau, vos hormones, votre système immunitaire réagissent au stress et aux événements de vie. Ces variations n’imposent pas un destin, elles modulent une sensibilité individuelle au contexte.

Prédisposition est probablement le mot le plus utile pour vous. Il dit la vérité sans vous enfermer : vous pouvez avoir un terrain plus sensible, sans être condamné. De nombreuses personnes à très fort risque familial ne feront jamais de dépression, parce que d’autres facteurs jouent en sens inverse, comme un environnement globalement sécurisant dans l’enfance.

  • environnement sécurisant dans l’enfance ;
  • accès à un soutien social solide et régulier ;
  • travail psychothérapeutique précoce ;
  • hygiène de vie protectrice, notamment sur le sommeil et la consommation de substances.

Mythe 1 – « Si mes parents sont dépressifs, je le serai forcément »

Non. Avoir un parent dépressif augmente votre risque, mais ne fait pas de la dépression une certitude. Le NHS résume les données disponibles : si vous avez un parent ou un frère/une sœur atteint de dépression, vous êtes plus susceptible d’en développer une vous-même, mais ce n’est qu’un facteur parmi d’autres. Ce sur-risque n’annule pas pour autant l’effet des facteurs protecteurs.

Dans une grande méta-analyse, l’héritabilité de la dépression majeure est estimée à environ 37 % selon les études disponibles. Cela veut dire que si vous avez une vulnérabilité familiale, vous démarrez avec quelques cases cochées sur la grille du risque, mais la majorité des cases restantes sont liées à votre histoire de vie, à vos ressources et à vos choix thérapeutiques. Vous pouvez donc agir sur une grande partie des leviers modifiables.

Ce que disent vraiment les études sur les familles et les jumeaux

Les études sur les jumeaux permettent de séparer, autant que possible, l’effet des gènes et celui de l’environnement. On observe une concordance plus élevée de la dépression chez les jumeaux monozygotes partageant le même ADN que chez les jumeaux dizygotes, ce qui montre l’existence d’une composante génétique dans la vulnérabilité dépressive.

  • une concordance plus élevée de la dépression chez les jumeaux monozygotes (vrais jumeaux, même ADN) que chez les jumeaux dizygotes (faux jumeaux),
  • mais une concordance loin d’être de 100 % et fortement modulée par le contexte.

En clair : deux vrais jumeaux peuvent avoir le même terrain biologique, l’un développer une dépression sévère, l’autre non. Ce qui fait la différence, ce sont souvent les stress et traumatismes rencontrés, la qualité des relations affectives, l’accès à des soins et les stratégies d’adaptation (coping). Cette marge de variation est précisément votre marge de manœuvre personnelle.

  • les stress et traumatismes rencontrés,
  • la qualité des relations affectives au quotidien,
  • l’accès à des soins,
  • les stratégies d’adaptation (coping).

Cette marge de variation est précisément votre marge de manœuvre. Elle illustre que, même en présence de gènes de vulnérabilité, des choix et des aides extérieures peuvent réorienter la trajectoire psychique d’une personne au fil du temps.

Mythe 2 – « Il existe un gène unique de la dépression »

Aucun « gène de la dépression » n’a été identifié. Les grandes organisations, comme l’American Psychological Association, sont claires : il n’y a pas de gène unique, mais une combinaison de facteurs génétiques, biologiques, environnementaux et psychologiques (APA.org). On parle davantage de profils de vulnérabilité complexes que de mutations isolées prédictives.

Les études génétiques récentes montrent que la dépression est liée à de très nombreuses variations dans l’ADN, chacune n’augmentant le risque que de façon minime. On parle de vulnérabilité polygénique impliquant de multiples gènes. Cela signifie que les chercheurs examinent des centaines de signaux génétiques dont les effets se combinent entre eux et avec l’environnement.

Plus de 100 gènes impliqués : la réalité d’une vulnérabilité « polygénique »

MedlinePlus résume bien l’état actuel de la recherche : les travaux suggèrent que des variations dans de nombreux gènes différents, chacune avec un petit effet, se combinent pour augmenter le risque de dépression (Medlineplus.gov). Aucun de ces gènes ne suffit à lui seul, c’est leur interaction globale qui compte.

  • Certains de ces gènes sont impliqués dans la régulation de la sérotonine, de la dopamine ou de la noradrénaline.
  • D’autres influencent la réponse au stress, via l’axe hypothalamo–hypophyso–surrénalien, qui module la sécrétion de cortisol en situation difficile.
  • D’autres encore touchent la plasticité neuronale (capacité du cerveau à se modifier), via des molécules comme le BDNF, facteur trophique cérébral.

Mais même un « score polygénique » élevé ne permet pas aujourd’hui de prédire précisément si vous ferez une dépression, ni quand, ni à quel degré de sévérité. Les gènes augmentent le risque, ils ne l’annoncent pas avec certitude et ne remplacent donc pas une évaluation clinique globale et nuancée.

Mythe 3 – « La génétique compte plus que l’environnement »

C’est l’inverse : la génétique pose un terrain, l’environnement lui donne forme. L’OMS insiste : les personnes ayant vécu des événements de vie défavorables (chômage, deuil, violences, catastrophes) ont un risque plus élevé de dépression documenté.

Un terrain génétique fragile ne s’exprime pas de la même manière dans un environnement soutenant que dans un contexte très hostile.

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De nombreuses études convergent vers une idée simple : les gènes et l’environnement interagissent. Vous pouvez imaginer que les gènes règlent la sensibilité générale du système, et que l’environnement appuie plus ou moins fort sur les boutons. Ainsi, deux personnes au profil génétique proche peuvent présenter des trajectoires psychiques très différentes selon leurs expériences.

50 % gènes, 50 % environnement : comment interpréter ce chiffre pour vous

On lit parfois que la dépression serait « 40 % génétique, 60 % environnementale » ou « 50/50 ». Ces chiffres viennent de l’héritabilité statistique mesurée. Ils ne signifient pas que, dans votre cas individuel, la moitié de votre souffrance viendrait de vos gènes et l’autre moitié de votre histoire, ce serait une interprétation abusive.

Pour vous, ce chiffre est surtout utile comme repère : vos gènes ne sont pas tout-puissants, vos choix et votre contexte ne sont pas tout-puissants non plus, et le travail thérapeutique peut changer la donne sur plusieurs années. Ce qui compte le plus, ce n’est pas le pourcentage, c’est ce que vous décidez de faire avec votre marge d’action actuelle.

  • vos gènes ne sont pas tout-puissants ;
  • vos choix et votre contexte ne sont pas tout-puissants non plus ;
  • le travail thérapeutique, l’entourage, l’environnement professionnel peuvent fortement contrebalancer un terrain à risque.

Ce qui compte le plus, ce n’est pas le pourcentage, c’est ce que vous décidez de faire avec votre marge d’action actuelle. Vous pouvez utiliser cette connaissance comme un outil de vigilance et de prévention plutôt que comme une fatalité figée.

Mythe 4 – « Tout est joué à la naissance »

Non. Vos gènes sont stables, mais la façon dont ils s’expriment peut changer. La médecine moderne parle de plasticité cérébrale et émotionnelle : le cerveau, le système immunitaire, les circuits émotionnels se modifient en permanence sous l’effet de l’expérience, des relations, des apprentissages et des soins adaptés, y compris à l’âge adulte.

Les grandes institutions, comme l’Inserm ou la HAS, le rappellent : la dépression est un trouble qui se construit au fil du temps, sous l’effet de nombreux facteurs (Inserm).

Cela signifie aussi qu’elle peut se déconstruire, au moins en partie, grâce à des interventions ciblées, par exemple via une psychothérapie structurée et un environnement soutenant.

Épigénétique : comment vos expériences « allument » ou « éteignent » certains gènes

L’épigénétique, c’est l’ensemble des mécanismes qui modifient l’expression de vos gènes sans changer l’ADN lui-même.

Certains facteurs peuvent, en simplifiant, « allumer » ou « éteindre » des gènes impliqués dans la réponse au stress du système nerveux, l’inflammation, la plasticité neuronale ou la production de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine.

  • la réponse au stress,
  • l’inflammation,
  • la plasticité neuronale,
  • la production de certains neurotransmetteurs.

Des expériences douloureuses répétées, comme la maltraitance ou un stress chronique au travail, peuvent favoriser l’expression de gènes liés à l’hypervigilance et à l’anxiété.

À l’inverse, un environnement soutenant, une psychothérapie efficace, une activité physique régulière ou une meilleure qualité de sommeil peuvent avoir des effets épigénétiques protecteurs durables. Vous ne choisissez pas vos gènes, mais vous pouvez, au fil du temps, influencer la façon dont ils se manifestent.

Mythe 5 – « La dépression, c’est juste un problème de sérotonine »

La sérotonine joue un rôle, mais réduire la dépression à « un manque de sérotonine » est inexact et culpabilisant.

Les antidépresseurs les plus prescrits agissent en partie sur ce système, mais ils n’expliquent pas tout, et la dépression ne se résume pas à un défaut chimique unique et isolé. De nombreux autres systèmes biologiques et psychosociaux interviennent simultanément.

Le site de l’American Psychiatric Association rappelle que des différences dans certaines substances chimiques du cerveau peuvent contribuer aux symptômes, mais que d’autres facteurs – génétiques, psychologiques, environnementaux – sont toujours impliqués (Psychiatry.org).

Penser uniquement en termes de sérotonine revient à sous-estimer la complexité du trouble et les multiples portes d’entrée possibles pour le traitement.

Bien que certains antidépresseurs naturels peuvent augmenter le niveau de serotonine (Source), compter uniquement sur des antidépresseurs dits naturels pour sortir d’une dépression peut être dangereux.

Cela peut retarder un diagnostic et une prise en charge adaptés ; il est essentiel d’en parler avec un médecin ou un professionnel de santé afin d’évaluer la situation et d’orienter vers un accompagnement approprié.

Ce que l’on sait (et ce que l’on ne sait pas) sur la sérotonine, le BDNF et le stress

Ce que la science montre aujourd’hui : la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline sont impliquées dans la régulation de l’humeur, du sommeil, de l’appétit et de la motivation. Le BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor) est une protéine qui aide les neurones à se développer et à se connecter, et des niveaux plus bas ont été retrouvés chez certaines personnes dépressives.

  • La sérotonine, la dopamine et la noradrénaline sont impliquées dans la régulation de l’humeur, du sommeil, de l’appétit et de la motivation.
  • Le BDNF soutient la plasticité neurale et la capacité du cerveau à se réorganiser après un stress.
  • Le stress chronique peut dérégler l’axe du stress (hypothalamo–hypophyso–surrénalien), augmenter le cortisol, perturber le sommeil et la mémoire, et rendre le cerveau plus vulnérable à la dépression.

Ce que l’on ne sait pas (ou pas complètement) : il n’existe pas de test sanguin « sérotonine » pour diagnostiquer la dépression, toutes les personnes dépressives n’ont pas le même profil biologique, et certains s’améliorent surtout grâce à la psychothérapie, d’autres grâce aux médicaments, d’autres grâce à un changement profond de contexte. En pratique, c’est souvent une combinaison de leviers thérapeutiques coordonnés qui fonctionne le mieux.

  • il n’existe pas de test sanguin « sérotonine » pour diagnostiquer la dépression ;
  • toutes les personnes dépressives n’ont pas le même profil biologique ;
  • certains s’améliorent surtout grâce à la psychothérapie, d’autres grâce aux médicaments, d’autres grâce à un changement profond de contexte (et le plus souvent, c’est une combinaison).

Penser en termes de réseau (gènes–cerveau–stress–histoire de vie) est plus fidèle à la réalité que de chercher un seul coupable. Cette vision en réseau permet aussi d’identifier plusieurs portes d’entrée pour le soin au lieu de tout miser sur une hypothèse chimique unique.

Mythe 6 – « Si c’est génétique, les traitements ne servent à rien »

C’est l’un des mythes les plus dangereux. Le fait qu’il existe une vulnérabilité génétique ne rend pas les traitements inutiles ; il les rend souvent encore plus cruciaux à mettre en place tôt. Plus votre terrain est sensible, plus vous avez intérêt à vous entourer d’une prise en charge solide, cohérente et suivie dans le temps.

Les recommandations cliniques, notamment celles de la HAS, insistent sur l’efficacité des traitements antidépresseurs (dans certaines formes) et des psychothérapies structurées comme la TCC validée scientifiquement pour traiter l’épisode dépressif caractérisé. Une revue Cochrane souligne l’efficacité des thérapies psychologiques pour la dépression en soins primaires.

Pourquoi une vulnérabilité génétique rend les soins encore plus utiles

Si vous avez un terrain familial de dépression, les traitements ont plusieurs fonctions : raccourcir la durée de l’épisode dépressif, limiter les rechutes et les complications (idées suicidaires, désinsertion professionnelle) et vous apprendre des outils concrets de régulation émotionnelle pour mieux gérer vos fragilités.

  • Raccourcir la durée de l’épisode dépressif, limiter les rechutes et les complications (idées suicidaires, désinsertion professionnelle).
  • Vous apprendre des outils pour mieux gérer, à long terme, vos fragilités (rumination, auto-critique, évitement). La TCC, par exemple, travaille précisément sur ces points.
  • Réduire l’impact épigénétique du stress chronique en vous aidant à sortir plus vite de la zone rouge.

Dans les faits, les personnes qui cumulent vulnérabilité familiale et prises en charge adaptées peuvent, à terme, mieux se connaître et mieux se protéger que des personnes sans histoire familiale qui n’ont jamais appris à repérer leurs propres signaux d’alerte. La connaissance de ce terrain devient alors un atout de vigilance plutôt qu’une simple source d’angoisse.

Mythe 7 – « On ne peut rien faire pour prévenir une dépression si on est à risque »

On ne peut pas tout prévenir, mais on peut clairement diminuer le risque et, surtout, réduire la sévérité et la durée des épisodes. Les centres de santé mentale, comme la SAMHSA américaine, citent parmi les facteurs de risque la génétique, la biologie cérébrale et l’environnement, mais recommandent des stratégies actives de protection.

La prévention n’est pas une garantie. C’est un réducteur de risque réel mais non absolu. Quand on a un terrain familial, ce réducteur devient particulièrement précieux et justifie d’installer des habitudes protectrices avant même l’apparition de symptômes sévères.

Les leviers concrets sur lesquels vous pouvez agir (même avec un terrain familial)

Plusieurs axes sont particulièrement utiles si vous savez que la dépression « court » dans votre famille. La psychoéducation, le travail psychothérapeutique, l’hygiène de vie et le réseau de soutien peuvent être vus comme des piliers complémentaires de prévention et non comme des solutions isolées.

  • Psychoéducation : comprendre ce qu’est vraiment une dépression, ses signes, ses facteurs de risque. Plus vous avez de repères, plus vous repérez tôt les premiers décalages de fonctionnement.
  • Travail en TCC (ou autres thérapies structurées) même en dehors d’un épisode aigu, pour identifier vos pensées automatiques négatives, réduire la rumination, travailler sur l’estime de soi et l’affirmation de soi, installer des routines protectrices adaptées.
  • Hygiène de vie ciblée : sommet de priorité, sommeil régulier, activité physique modérée mais fréquente, limitation de l’alcool et des drogues, qui aggravent massivement le risque de dépression.
  • Réseau de soutien : quelques personnes avec qui vous pouvez parler sans filtre, des lieux de parole (groupe de soutien, thérapie de groupe) si nécessaire, dire à au moins une personne que vous avez un terrain familial de vulnérabilité.

Ce sont des mesures simples en apparence, mais elles sont puissantes lorsqu’elles sont mises en place tôt, avant que la dépression ne prenne trop de place. Elles offrent un cadre de vie plus stable qui rend les épisodes éventuels moins fréquents et moins invalidants.

Mythe 8 – « Les tests ADN vont choisir à coup sûr le bon antidépresseur »

Les tests génétiques commerciaux se multiplient et promettent parfois de « personnaliser » votre traitement. La réalité actuelle est plus nuancée. Oui, la génétique influence la façon dont vous métabolisez certains médicaments (via des enzymes comme CYP2D6, CYP2C19), et ces tests peuvent parfois aider à comprendre des effets secondaires inhabituellement marqués ou des échecs répétés.

Mais ils ne permettent pas de prédire avec certitude quel médicament sera le meilleur pour vous, ni de garantir une réponse rapide. Ils restent un outil complémentaire, utile dans certains contextes, mais ne remplacent ni l’évaluation clinique approfondie ni l’ajustement progressif du traitement par le psychiatre.

Pharmacogénétique : ce que ces tests peuvent réellement vous apporter aujourd’hui

La pharmacogénétique, c’est l’étude de la façon dont vos gènes influencent la réponse aux médicaments. Dans la dépression, ces tests peuvent indiquer si vous métabolisez certains antidépresseurs très vite ou très lentement, ce qui peut orienter les choix de dosage dans les situations complexes.

  • indiquer si vous métabolisez certains antidépresseurs très vite ou très lentement,
  • guider le choix ou la dose dans des situations complexes (échecs multiples, nombreux effets secondaires),
  • être un outil supplémentaire pour le psychiatre.

Mais ils ont aussi des limites : ils ne tiennent pas compte de facteurs essentiels (traumatismes, contexte de vie, préférences du patient, autres maladies), ils ne remplacent ni l’évaluation clinique, ni l’essai progressif de traitements, et les études sont encore en cours pour mesurer leur impact réel sur la réponse au traitement à grande échelle. Si vous envisagez un test, discutez-en avec un psychiatre expérimenté, ce n’est pas une baguette magique, mais un outil de plus dans une boîte déjà fournie.

  • ils ne tiennent pas compte de facteurs essentiels (traumatismes, contexte de vie, préférences du patient, autres maladies),
  • ils ne remplacent ni l’évaluation clinique, ni l’essai progressif de traitements,
  • les études sont encore en cours pour mesurer leur impact réel sur la réponse au traitement à grande échelle.

Si vous envisagez un test, discutez-en avec un psychiatre. Ce n’est pas une baguette magique, c’est un outil de plus dans une boîte déjà fournie, qui peut parfois aider à affiner une stratégie thérapeutique personnalisée lorsque plusieurs options classiques ont déjà été explorées.

Mythe 9 – « Être dépressif, c’est être faible (surtout si c’est dans la famille) »

Ce mythe fait des dégâts considérables. Les données de santé publique rappellent que la dépression est fréquente, qu’elle touche tous les milieux, tous les niveaux d’étude, toutes les personnalités. L’OMS parle de centaines de millions de personnes concernées dans le monde (https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/depression), ce qui montre qu’il ne s’agit pas d’un manque de volonté individuelle.

Confondre vulnérabilité et faiblesse, c’est ajouter une couche de culpabilité à la souffrance. Si vous avez grandi avec un parent dépressif, vous avez souvent dû assumer trop tôt, vous adapter en permanence, apprendre à lire l’humeur de l’autre pour vous protéger. Cela demande au contraire une force d’adaptation émotionnelle immense, qui a parfois un coût émotionnel élevé à l’âge adulte.

Sortir de la culpabilité : ce qui relève de vos gènes et ce qui relève de vos choix

Il y a des choses qui ne dépendent pas de vous : vos gènes et votre tempérament de base, les événements que vous avez traversés enfant, le fait d’avoir eu ou non des parents disponibles, sécurisants. Tout cela constitue un héritage affectif et biologique que vous n’avez pas choisi et qui influence néanmoins votre vulnérabilité actuelle.

  • vos gènes et votre tempérament de base,
  • les événements que vous avez traversés enfant,
  • le fait d’avoir eu ou non des parents disponibles, sécurisants.

Et il y a des choses qui, progressivement, peuvent redevenir de votre ressort : demander une aide professionnelle au lieu d’attendre le « pire », parler de votre histoire familiale à votre médecin, oser dire à vos proches que vous n’êtes pas faible mais que vous avez une vulnérabilité à prendre au sérieux, mettre en place petit à petit des routines protectrices dont vous avez besoin.

  • demander une aide professionnelle au lieu d’attendre le « pire » ;
  • parler de votre histoire familiale à votre médecin ;
  • oser dire à vos proches que vous n’êtes pas faible, mais que vous avez une vulnérabilité à prendre au sérieux ;
  • mettre en place, petit à petit, les routines protectrices dont vous avez besoin.

Vous n’êtes pas responsable de votre vulnérabilité. Vous avez, en revanche, un rôle à jouer dans la façon dont vous la prenez en compte, maintenant que vous avez ces informations, en choisissant de vous entourer, vous informer et vous faire accompagner plutôt que de porter ce poids seul.

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Comment agir si vous avez un terrain familial de dépression ?

Savoir que la dépression est présente dans votre famille peut faire peur. Cela peut aussi devenir un levier pour ne plus subir. La première étape est souvent de sortir du flou : mettre des mots sur ce que vos proches ont vécu (épisode dépressif, trouble bipolaire, addictions associées, etc.) et sur ce que vous observez concrètement chez vous depuis plusieurs mois.

Les ressources disponibles sont nombreuses : médecin généraliste formé, qui connaît les recommandations de la HAS, psychologue ou psychiatre pour une évaluation approfondie, psychothérapies validées scientifiquement (TCC, thérapie interpersonnelle, thérapies de troisième vague), groupes de parole ou associations de patients pour briser l’isolement progressif.

  • médecin généraliste formé, qui connaît les recommandations de la HAS,
  • psychologue ou psychiatre, pour une évaluation approfondie,
  • psychothérapies validées scientifiquement (TCC, thérapie interpersonnelle, thérapies de troisième vague),
  • groupes de parole ou associations de patients, pour briser l’isolement.

L’enjeu n’est pas de devenir « parfait » ou « blindé », mais de ne plus être pris au dépourvu. Connaître votre terrain vous permet de réagir plus tôt aux premiers signaux et de construire, pas à pas, un environnement plus protecteur autour de vous.

Les 3 signaux d’alerte à ne plus ignorer (et quoi faire dès maintenant)

Avec un terrain familial, certains signes doivent vous alerter plus vite. Trois signaux importants : le repli qui dure, la perte d’intérêt et de plaisir, les pensées de mort ou d’inutilité. Ces signes, surtout s’ils se prolongent, justifient de consulter sans attendre plusieurs mois.

  • 1. Le repli qui dure : vous annulez systématiquement les sorties, vous ne répondez plus aux messages, vous perdez l’envie de voir qui que ce soit pendant plusieurs semaines. Ce que vous pouvez faire : notez depuis quand cela dure, parlez-en à une personne de confiance et prenez rendez-vous avec un professionnel (médecin, psychologue).
  • 2. La perte d’intérêt et de plaisir : rien ne vous fait vraiment envie, y compris les activités qui vous plaisaient avant (hobby, sport, cuisine, sexualité). Vous ne ressentez plus vraiment de joie, juste une forme de neutralité ou de vide, ce qui correspond à ce que les cliniciens appellent anhédonie persistante au quotidien.
  • 3. Les pensées de mort ou d’inutilité : vous vous surprenez à penser que « ce serait plus simple de ne plus être là », que « vous êtes un poids », même sans projet de passage à l’acte. Ce que vous pouvez faire : ne restez pas seul avec ça, parlez-en rapidement à un professionnel et, en cas d’idées suicidaires précises, contactez les services d’urgence psychiatrique immédiatement.

Dès maintenant, vous pouvez faire une liste de 2 ou 3 professionnels vers qui vous tourner (médecin, psychologue, psychiatre), écrire sur une feuille vos antécédents familiaux (qui ? quel trouble ? quels traitements ?), identifier au moins une personne de confiance à qui dire que vous avez un terrain familial et que vous aimeriez qu’elle soit un repère si votre état se dégrade avec le temps.

  • faire une liste de 2 ou 3 professionnels vers qui vous tourner (médecin, psychologue, psychiatre),
  • écrire sur une feuille vos antécédents familiaux (qui ? quel trouble ? quels traitements ?),
  • identifier au moins une personne de confiance à qui dire : « j’ai un terrain familial, et j’aimerais que tu sois un repère si ça ne va pas ».

Vous ne contrôlez pas tout, mais vous n’êtes pas sans ressources. Comprendre le rôle de la génétique vous permet de sortir de deux pièges : la culpabilité (« c’est de ma faute ») et la fatalité (« je ne peux rien y faire »). Entre les deux, il y a votre réalité : une vulnérabilité réelle mais modulable, et des leviers très concrets pour vous protéger, vous soigner et, pas à pas, reprendre du pouvoir sur votre histoire.

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Rédigé par Alexandre Chombeau – Fondateur de Psychologue.fr

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