Bien que peu reconnue malgré les travaux sur le sujet, l’addiction au sexe est pourtant un véritable trouble, non sans conséquences sur la vie des personnes qui en sont atteintes. Recherche intempestive de rapports sexuels, relations à risques, isolement social et sentiment de honte jalonnent leur quotidien.
Si les fantasmes, les désirs et les besoins de chacun en matière de sexe sont différents, comment savoir si vous êtes addict au sexe, quelles en sont les causes et les conséquences ? Ce trouble du comportement sexuel compulsif est aujourd’hui parfaitement identifié et, fort heureusement, des solutions existent pour sortir de cette dépendance sexuelle.
Aussi appelées “accros au sexe”, ces nymphomanes (ou satyriasisme chez les hommes) sont en souffrance psychologique, voire physique et présentent une véritable obsession sexuelle pour laquelle ils éprouvent une grande culpabilité. Alors, avez-vous une addiction sexuelle ? Avez-vous besoin d’une prise en charge par un professionnel de santé ? Vous trouverez toutes les réponses à vos questions dans cet article.
Comment savoir si l’on est accro au sexe ? (Les symptômes)
Différents signes permettent de savoir si vous êtes addict au sexe. Citons en particulier le fait de ne penser qu’à ça, de consommer du contenu pornographique de manière obsessionnelle, de se masturber de façon compulsive, de culpabiliser ou de s’isoler chaque jour un peu plus.
Signe n°1 : Vous ne pensez qu’au sexe
Si votre vie, votre temps et votre énergie tournent quasi exclusivement autour du sexe, il y a fort à parier que vous êtes accro. Vos pensées sont envahies par ce besoin irrépressible. Ces ruminations, ces fantasmes, ces solutions que vous cherchez pour assouvir vos envies ont généralement des conséquences sur votre quotidien : il devient difficile de se concentrer sur votre travail, de parler avec une personne de l’autre sexe sans penser aux relations charnelles, de sortir au restaurant sans mettre en place des stratagèmes pour trouver un nouveau partenaire.
Le sexe, que ce soit la masturbation ou un rapport avec un partenaire, est utilisé pour réguler votre humeur, gérer votre stress, votre ennui, votre anxiété et tous les épisodes inhabituels qui se présentent à vous. En bref, le sexe est la réponse à tout.
Signe n° 2 : Vous êtes addict au porno
La recherche de stimulations sexuelles constantes vous pousse à consommer du contenu pornographique sous différentes formes, mais notamment des films pornos, des échanges avec des professionnel(le)s du sexe via une webcam ou encore la visite quotidienne de sites de cybersexe.
En parallèle de ces comportements, vous mettez le plus souvent en place de véritables rituels de stimulation sexuelle en programmant les visionnages, la fréquentation de clubs échangistes ou la pratique de la masturbation, par exemple.
Signe n° 3 : Vous vous masturbez de façon compulsive
Ce comportement, constant chez la très grande majorité des personnes accro, est indispensable quels que soient le lieu et le moment. Être sur votre lieu de travail, au cinéma, en famille, dans un repas entre amis ne change rien à cette envie impérieuse de vous masturber.
Certains hommes ont recours à cette pratique jusqu’à 15 fois par jour, au risque de s’infliger des blessures et/ou des brûlures. Elle n’est alors plus une recherche de plaisir, mais un besoin qui doit être assouvi. C’est notamment à cela que l’on reconnaît l’addiction.
Signe n°4 : Vos relations sexuelles sont à risque
La nécessité d’avoir plusieurs relations chaque jour engendre des pratiques à risque. En effet, la personne addicte et en besoin ne raisonne plus de façon adaptée et cohérente. De fait, la relation se fera possiblement sans l’usage d’un préservatif.
De plus, les fantasmes et les pratiques qui vous apportent de la satisfaction sont généralement de plus en plus violents, voire malsains. Certains basculent alors dans les paraphilies avec des attitudes qui deviennent illégales : le voyeurisme, l’exhibitionnisme ou le visionnage de contenus pédopornographiques.
Paradoxalement, vous comprenez que vos fantasmes sont de plus en plus inopportuns et gênants. C’est le début d’une escalade que vous ne parviendrez plus à contenir. Dans ce cas précis, un rendez-vous avec un professionnel de santé devient absolument indispensable.
Signe n° 5 : Vous vous isolez de plus en plus du reste du monde
Vous vous sentez obligé de vous isoler des autres, car vos pensées et vos activités sexuelles prennent le pas sur tout le reste de votre vie. De fait, vous déclinez le plus souvent les invitations et les sorties, de peur de céder à des pulsions qui pourraient se présenter.
La peur d’être découvert est également responsable de cet isolement. N’oublions pas qu’il vous est pratiquement impossible de résister à des envies irrépressibles (on parle de craving), au besoin de vous masturber par exemple, où que vous soyez, même si le lieu n’est pas du tout approprié.
Signe n° 6 : Votre comportement entraîne de la culpabilité
Cette culpabilité que vous éprouvez face à votre sexualité parfois sans limites est une conséquence à votre addiction, mais également un signe. Lorsqu’elle est présente, elle aide au diagnostic de la dépendance.
De la même façon qu’une personne alcoolique reprend sa consommation après une période de sevrage ou de soin, vous avez sans doute essayé à plusieurs reprises d’arrêter vos pratiques, de réfréner certaines de vos activités sexuelles pour retrouver une sexualité plus normée, mais en vain. Cette incapacité à retrouver une libido acceptable entraîne elle aussi beaucoup de culpabilité.
Le test de Carnes pour établir le diagnostic de l’addiction sexuelle
Le test de Carnes est extrêmement simple à réaliser. Il se compose de 25 questions auxquelles il suffit de répondre par oui ou par non. Si l’on estime que 13 réponses par l’affirmative ou plus permettent de poser le diagnostic d’addiction au sexe, il est néanmoins préférable de faire appel à un professionnel de santé pour établir un diagnostic précis et personnalisé.
Voici quelques exemples de questions issues du test de Carnes :
- Êtes-vous souvent préoccupé par des pensées de nature sexuelle ?
- Avez-vous le sentiment que votre sexualité n’est pas normale ?
- Avez-vous des difficultés à maîtriser votre comportement sexuel quand vous savez qu’il n’est pas approprié ?
- Votre partenaire a-t-il (elle) déjà souffert ou s’est-il (elle) plaint(e) de votre comportement sexuel ?
- Avez-vous déjà craint que des personnes puissent se renseigner sur vos activités sexuelles ?
- Certaines de vos activités sexuelles sont-elles hors-la-loi ?
Comment se faire soigner d’une dépendance au sexe ?
La honte ressentie par les addicts sexuels les empêche parfois de franchir le seuil d’un cabinet médical. Pourtant des réponses existent pour prendre en charge ce trouble de l’hypersexualité. Si elles ne sont pas toutes entièrement validées scientifiquement, ces solutions n’en sont pas pour autant inefficaces, loin de là. Les traitements médicamenteux sont d’éventuels compléments aux différentes thérapies, toujours essentielles.
Les thérapies possibles pour les personnes hypersexuelles
La thérapie cognitivo-comportementale est l’une des plus fréquemment pratiquées. Mais il existe également la thérapie de groupe ou de couple, les DASA ou les thérapies psychodynamiques notamment.
La TCC, la plus utilisée
D’après Carnes, les personnes dépendantes présenteraient une structure cognitive particulière et des modèles d’apprentissage erronés. De fait, la thérapie cognitivo-comportementale est particulièrement adaptée dans les cas de comportement sexuel compulsif.
L’objectif est ici de définir et d’identifier le comportement addictif, aussi appelé cycle addictif. Le début de ce cycle est toujours une situation ou un événement à risque (du stress, des problèmes conjugaux, des soucis professionnels, un stimulus sexuel comme une publicité pornographique, de l’ennui…). Des pensées automatiques leur font suite et entraînent un passage à l’acte tel qu’un rapport sexuel ou une masturbation.
La TCC vise alors à remplacer ces pensées automatiques et le passage à l’acte par des idées et un comportement alternatifs plus adaptés.
Les thérapies de groupe
L’objectif des thérapies de groupe est de se retrouver entre personnes dépendantes afin de ne pas être jugé. Certains groupes sont constitués uniquement d’addicts sexuels alors que d’autres peuvent regrouper diverses dépendances. Chacun peut ainsi évoquer librement son trouble, sans jugement, et recueillir les conseils et la bienveillance des autres patients.
Les thérapies de couple, indispensables
Des travaux sur la dépendance sexuelle (ceux de Cooper et Marcus en particulier) ont montré qu’elle pouvait être due à des difficultés relationnelles au sein du couple. L’inverse est également possible : l’addiction peut provoquer des problèmes conjugaux. Dans les deux cas, il est important de résoudre le problème en couple.
Cette thérapie en duo permet d’instaurer un espace de parole, une verbalisation des soucis que rencontrent les partenaires et de rétablir une complicité.
Les DASA, sur le modèle des AA
Les Dépendants Affectifs Sexuels Anonymes (DASA) est un programme calqué sur celui des Alcooliques anonymes (AA) et comporte, comme ce dernier, 12 étapes. Le dispositif est constitué de réunions entre personnes souffrant d’addiction sexuelle et partageant leur expérience, leur force et leur espoir pour se sortir de ce trouble.
Le processus de guérison passe par une prise de conscience et une démarche active vers un sevrage afin de retrouver une sexualité plus saine et épanouie.
La thérapie psychodynamique, introspective
Si elle trouve son origine dans la psychanalyse Freudienne, elle est, a contrario, plus courte. Cette approche introspective vise à résoudre les conflits psychiques inconscients ayant le plus souvent pris leur source dans des soucis refoulés et non résolus dans l’enfance.
Les séances avec le psychothérapeute sont peu directives, elles laissent largement la place à la parole du patient qui est invité à verbaliser ces comportements et ses conflits internes. La thérapie psychodynamique nécessite une participation active de la personne dépendante ainsi qu’une capacité d’introspection.
Un traitement pharmacologique en annexe
En complément des thérapies, il est possible que votre médecin vous prescrive un traitement pharmaceutique. Cette solution est d’autant plus essentielle lorsqu’une dépression chronique s’est installée et intensifie les troubles.
Les études ont montré l’efficacité des traitements à base de sérotoninergiques dans les syndromes dépressifs associés. S’y ajoute éventuellement l’usage d’anxiolytiques et de thymorégulateurs. Ces traitements médicamenteux sont efficaces s’ils sont complémentaires à un suivi psychothérapeutique.
À retenir sur l’addiction au sexe
L’addiction sexuelle est un trouble complexe qui impacte la vie personnelle, sociale et professionnelle de ceux qui en souffrent. Définie comme un comportement sexuel compulsif et persistant, elle se caractérise par une perte de contrôle, une hypersexualité et une détresse significative liées aux pulsions sexuelles.
Les causes physiologiques, psychologiques et environnementales engendrent des conséquences multiples : symptômes dépressifs, risque de transmission d’IST, culpabilité ou encore isolement.
Des traitements à l’addiction sexuelle sont possibles et peuvent vous aider à retrouver un équilibre et une qualité de vie saine. La psychothérapie, et notamment les approches cognitivo-comportementales, les thérapies de groupes ou de couple ou encore la thérapie psychodynamique sont autant de solutions pour réapprendre à répondre autrement à ses pulsions et retrouver une sexualité plus saine et plus épanouie.
Le premier pas est souvent le plus difficile à faire, car vous avez peut-être honte d’évoquer votre hypersexualité. Faites confiance aux professionnels de santé qui vous offriront une écoute bienveillante, sans jugement, et sauront vous proposer les solutions les plus adaptées à vos besoins.
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