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Attachement Secure : Définition, Signes, Le Développer

Antoine Peytavin et son équipe de psychologues de Psychologue.fr, diplômés et enregistrés au RPPS, rédigent et valident chaque article avec la plus grande rigueur.

Sommaire

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La théorie de l’attachement, en bref

La notion d’attachement est issue de la théorie de l’attachement, mise en place par John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, dans les années après guerre. Par l’observation des comportements d’enfants séparés de leurs parents, il explore les racines des relations entre les êtres humains et tente de comprendre comment fonctionne la mise en place des premiers liens affectifs, qui conditionneront les schémas relationnels futurs.

Les oies de Lorenz, 1935

Les inspirations de Bowlby sont notamment issues de l’éthologie et du phénomène d’empreinte décrit par Karl Lorenz en 1935. Pris comme figure maternelle par de jeunes oisons, qui ne voulaient plus le quitter lorsqu’il souhaita les rendre à leur mère, il put ainsi comprendre que, lorsqu’un oisillon sort de sa coquille, il va s’attacher de façon irréversible au premier individu en mouvement qu’il voit.

Chez l’humain, selon Bowlby, les bases relationnelles de tout individu sont forgées et déterminées par les relations vécues dans la toute petite enfance. Elles s’enracinent dans la répétition et la continuité des soins prodigués et des moments partagés avec l’adulte qui prend soin de l’enfant (le caregiver).

C’est le développement d’un sentiment de sécurité interne face au monde environnant qui est en jeu dans l’attachement. Les expériences de réconfort, liées aux réactions des “caregiver” lors des situations exprimées de détresse (faim, douleur, stress…) permettent l’émergence des figures d’attachement chez le bébé.

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La figure principale d’attachement (régulièrement le parent) représente la base de sécurité à partir de laquelle l’enfant va pouvoir s’autoriser à explorer le monde et à faire ses expériences individuelles. Cela renvoie à la confiance dans l’idée qu’une figure soutenante et protectrice sera accessible et disponible en cas de besoin. Il en recherchera la proximité en cas de séparation et sera rassuré par son retour et sa présence. Ce modèle va petit à petit s’internaliser afin de permettre à l’enfant puis à l’adulte d’avoir un sentiment de sécurité interne sur lequel s’appuyer. Ces premiers liens vont lui permettre de constituer un modèle des relations interpersonnelles pour la suite de sa vie.

Ce lien d’attachement est fondamental pour le développement émotionnel et social de l’enfant. Il influence la façon dont il percevra les relations aux autres et à lui-même, et la capacité à gérer ses émotions tout au long de sa vie.

Les différents types d’attachement

Au cours des années 60 et 70, Mary Ainsworth, psychologue contemporaine de Bowlby, a complété la théorie de l’attachement en mettant en lumière différentes typologies d’attachement, à travers une expérimentation appelée “la situation étrange”.

Sur la base de ses observations et d’études ultérieures, notamment celles de Mary Main dans les années 80, on considère que l’enfant développe, dès la première année, un attachement spécifique. C’est la qualité et la stabilité des soins reçus par l’enfant dans sa toute petite enfance, en réponse à ses pleurs, qui déterminera le type d’attachement. Celui-ci aura des conséquences directes sur la gestion du stress et des relations.

Il existe 4 types d’attachements différents :

La situation étrange, Mary Ainsworth, 1969

C’est une situation standardisée de laboratoire où une situation de stress est induite chez l’enfant afin d’observer ses réactions, d’évaluer les comportements de séparation et de retrouvailles et d’en déduire son style d’attachement.

L’idée est de faire monter le niveau d’anxiété en présence ou absence de la figure d’attachement afin d’observer les réactions du bébé. Cette expérience dure une vingtaine de minutes, découpées en 8 séquences spécifiques d’environ 3 minutes :

  • Le parent et l’enfant entrent dans une salle de jeu inconnue avec l’expérimentateur.
  • Laissés seuls, le parent encourage l’enfant à explorer et à jouer.
  • Un étranger entre dans la pièce et interagit avec le parent et l’enfant.
  • Le parent quitte la pièce, laissant l’enfant avec l’étranger.
  • Le parent revient et l’étranger s’en va.
  • L’enfant est laissé seul dans la pièce.
  • L’étranger revient.
  • Le parent revient.

On ne s’intéresse pas tant à la réaction de l’enfant au départ de la mère mais plutôt au retour de celle-ci afin d’évaluer les comportements mis en place pour gérer l’angoisse due à la séparation.

Qu’est-ce que l’attachement sécure ?

L’attachement sécure se caractérise par une relation où l’enfant se sent en sécurité et soutenu par ses figures d’attachement. Cet attachement se manifeste par :

  • La confiance : L’enfant sait qu’il peut compter sur son parent pour répondre à ses besoins affectifs et physiques. Il peut exprimer ses besoins et émotions.
  • L’exploration : L’enfant se sent en sécurité pour explorer son environnement sachant qu’il peut revenir vers son parent en cas de besoin.
  • Les réactions aux séparations : Lors de séparations, l’enfant peut manifester de l’anxiété, mais il parvient généralement à se calmer et le retour de sa figure d’attachement génère un réconfort apaisant.
  • La relation avec les autres : L’enfant parvient à entrer en relation avec les autres et développe régulièrement de bonnes compétences sociales et émotionnelles, ce qui l’aide à établir des relations saines au cours de sa vie.

Un attachement sécure favorise le développement de l’estime de soi et de la résilience. C’est un facteur protecteur face aux adversités de la vie.

Les effets à long terme de notre attachement

Les effets à long terme de notre attachement dans les premières années ont été étudiés à plusieurs reprises dans la littérature scientifique. Par exemple, des chercheurs de l’université du Minnesota ont pu prédire, dès l’âge de 3 ans, si un enfant allait abandonner ses études secondaires avec une précision de 77 %.

Dans une autre étude, des étudiants de premier cycle de Harvard ont été invités à évaluer leur degré de proximité avec leurs parents. 35 ans plus tard, ils ont été interrogés sur leur santé. 91 % de ceux qui ont déclaré avoir eu une relation plutôt difficile avec leur mère, ont également été diagnostiqués avec des problèmes de santé, notamment une maladie coronarienne, de l’hypertension et de l’alcoolisme. Pour ceux qui avaient déclaré avoir une relation plus chaleureuse, le chiffre des diagnostics de mauvaise santé n’était que de 45 %.

Comment favoriser le développement d’un attachement sécure ?

Pour faciliter le développement d’un attachement sécure chez l’enfant, voici quelques comportements que tout parent peut mettre en place :

  • Répondre aux besoins de l’enfant : Soyez attentif aux signaux de votre enfant et répondez rapidement, de manière appropriée à ses besoins émotionnels et physiques (faim, stress ou douleur ne nécessite pas la même réponse). Cela renforce la confiance dans le parent et le sentiment de sécurité.
  • Offrir un environnement stable et prévisible : La disponibilité émotionnelle et physique est essentielle. Passez du temps de qualité avec votre enfant et montrez-lui qu’il peut compter sur vous. La routine est essentielle pour se sentir en sécurité.
  • Encourager l’exploration : permettez à votre enfant d’explorer son environnement et encouragez-le à prendre des initiatives, tout en restant disponible pour le soutenir et le rassurer en cas de besoin. Cela renforce sa confiance en lui.
  • Être à l’écoute des émotions : prenez le temps d’observer, d’entendre et de décrypter ce que l’enfant exprime ou dit sans jugement. Ceci valorise l’expression des émotions et favorise les capacités de gestion émotionnelle.
  • Apprendre à se réguler soi-même : gérez au mieux vos propres émotions, vos conflits et difficultés personnelles afin de limiter la transmission d’émotions négatives et d’être un refuge sûr et sécurisant pour l’enfant.

Un attachement sécure, c’est important ?

L’attachement sécure joue un rôle crucial dans le développement global de l’enfant et plus tard, dans le vécu relationnel et émotionnel de l’adulte. À bien des égards, il facilite plusieurs aspects du fonctionnement.

  • Le développement émotionnel : une meilleure régulation des émotions, par conséquent, une meilleure gestion du stress et de l’anxiété.
  • Les compétences sociales : une capacité à établir des relations sociales saines et équilibrées. Une solide confiance en soi et une capacité à communiquer ses ressentis et ses besoins. Une capacité à interagir de façon positive avec les autres.
  • L’estime de soi : une bonne estime de soi, une perception de soi positive sur la base d’un sentiment profond d’être digne d’amour et de soin.
  • Résilience : une capacité à mobiliser ses propres ressources pour rebondir après une difficulté.

9 signes pour repérer l’attachement sécure à l’âge adulte

Comment le repérer ?

Repérer un adulte à l’attachement sécure passe par l’observation de certaines caractéristiques et comportements. Ces personnes évoluent souvent dans un environnement sain et positif, ce qui permet des interactions de bonne qualité. Voici quelques caractéristiques d’un adulte sécure :

Suis-je en dépendance affective ?

Vous pensez être en dépendance affective ? Vous avez la sensation d’être dans un cercle infernal ? Faîtes le test maintenant !

  1. Empathique : se sent concerné par le bien-être de l’autre, capable de comprendre, de valider et de s’adapter aux émotions, besoins et vécu de l’autre.
  2. Bonne relation aux autres : les relations sont saines, stables, basées sur la confiance et le respect.
  3. Bonne communication : capable d’exprimer ses ressentis et besoins, à l’écoute de ceux de l’autre.
  4. Bonne gestion des conflits : le désaccord et la dispute peuvent être abordés de façon paisible, ne déclenchant ni défense ni attaque. La prise de distance et la remise en question sont accessibles.
  5. Bonne gestion des émotions : ne se laisse pas déborder par ses émotions, parvient à les réguler et à les exprimer de façon respectueuse.
  6. Confiance en soi : bonne connaissance de soi, conscient de sa propre valeur et se sent digne d’être aimé, image de soi positive, bien dans sa peau.
  7. Indépendance : apprécie de passer du temps seul et accepte que les autres aient des activités et relations en dehors de sa présence. Ne se sent pas en danger ou menacé.
  8. Flexibilité : montre des capacités d’ouverture et d’adaptation face à des situations nouvelles ou imprévues.
  9. Résilience : bonne gestion des difficultés et capable de se mobiliser après une difficulté.

Son influence sur les relations

Notre style d’attachement reste actif tout au long de notre vie et influence inévitablement toutes nos relations humaines – professionnelles, amicales, familiales et amoureuses.

Il contribue, dès l’enfance, à développer des représentations et des croyances, appelées modèles internes opérants, qui vont conditionner notre rapport au monde.

Il existe deux modèles principaux :

  • Le modèle de soi qui correspond à une image de soi comme étant plus ou moins digne d’être aimé, et au sentiment d’autoefficacité (ils peuvent être positifs, du type “je suis quelqu’un de bien, je vais y arriver” ou négatifs comme “personne ne s’intéresse à moi, je n’y arriverai jamais”).
  • Le modèle des autres qui renvoie à la perception des autres comme étant plus ou moins fiables, attentifs ou sensibles à nos besoins (ils peuvent de même être positifs du type “Je sais que je peux compter sur mes proches” ou négatifs comme “Je passe toujours au second plan”).

Ces modèles interagissent entre eux et ont un impact significatif sur la manière dont une personne interagit avec les autres, gère les conflits et réagit à la proximité émotionnelle. Ils influencent également les choix de partenaires et la dynamique des relations à long terme.

De façon générale, nous sommes attirés par des personnes qui confirment les pensées ou croyances que nous avons de nous-mêmes, rentrant parfois dans des schémas répétitifs dont nous avons du mal à nous extraire.

Il en va de même dans les relations amoureuses. Quand on observe autour de nous, il n’est pas rare de se rendre compte que, souvent, les personnes insécures tombent amoureuses de partenaires insécures, et les sécures avec des sécures. Il y a une forme de réassurance dans le fait de reconnaître certains mécanismes chez l’autre.

Cependant il n’y a pas de fatalité et il faut garder à l’esprit qu’un potentiel évolutif existe chez chacun d’entre nous et qu’il est possible de modifier sa vision de soi et du monde afin d’évoluer vers un mieux-être. En devenant conscient de son propre fonctionnement, en travaillant sur son histoire personnelle et en choisissant de préférence un partenaire sécure, il est possible d’évoluer et de déjouer certains mécanismes de défense, certaines peurs et insécurités.

Comment réparer ou faire évoluer son style d’attachement ?

Évoluer dans son style d’attachement est un processus qui demande du temps, de la patience et souvent un travail personnel et thérapeutique. Voici quelques étapes et stratégies qui peuvent vous aider :

Prendre conscience de son style d’attachement

A travers une réflexion personnelle et une introspection, vous pouvez identifier les schémas de vos relations passées. Notez les comportements récurrents et les émotions qui émergent dans des situations relationnelles. Relisez votre histoire sereinement, l’idée est de mieux vous comprendre vous-même pour évoluer.

Développer l’estime de soi et les compétences psycho-sociales

A travers des exercices et méthodes de communication (comme la Communication Non Violente par exemple), d’affirmation de soi. Développer une meilleure reconnaissance, acceptation, compréhension et gestion de ses émotions. Des activités telles que la méditation, le sport, le yoga peuvent être bénéfiques pour se connecter à soi-même. Pratiquez des activités qui renforcent votre confiance en vous. Cela peut inclure des hobbies, des exercices de gratitude ou des affirmations positives.

Établir des relations saines

Entourez-vous de personnes fiables, cherchez des relations avec des personnes qui ont un attachement sécure. Cela peut vous aider à modéliser des comportements sains. Fixez des limites claires pour protéger votre espace personnel et apprenez à dire non.

Consulter un professionnel : le travail thérapeutique

Travailler avec un psychologue ou un thérapeute spécialisé peut vous aider dans ce cheminement, dans la compréhension de vous-même et ainsi modifier vos comportements d’attachement.

Certaines approches sont particulièrement appropriées, en fonction des points que vous repérez particulièrement fragiles chez vous :

  1. Thérapie de couple : Elle s’intéresse au lien qui unit les deux personnes. Si ce lien est en souffrance, le thérapeute va tenter de comprendre comment il s’est mis en place et ce qui ne fonctionne plus aujourd’hui.
  2. Thérapie basée sur l’attachement : Cette thérapie implique de revoir les premiers souvenirs de l’enfance à travers le prisme de la théorie de l’attachement, d’identifier les besoins non satisfaits et de vous aider à puiser dans vos ressources pour répondre à vos besoins actuels.
  3. Thérapie centrée sur les émotions : Le but est de changer votre expérience émotionnelle dans vos relations réelles et dans votre expérience de vous-même.
  4. Thérapie familiale : Elle permet de travailler sur la dynamique familiale et d’améliorer la communication entre les membres de la famille en comprenant les enjeux liés aux liens d’attachement.
  5. TCC et Thérapie interpersonnelle : Elle permet d’identifier et de modifier les pensées et comportements négatifs liés aux relations.

Bibliographie

  • Lorenz, K (2010, nouvelle édition corrigée), Les fondements de l’éthologie, Flammarion, Champs Science.
  • Bowlby, J.(1969), Attachement et perte, vol. 1 : L’attachement, Paris, PUF, 2002, 540 p.
  • Ainsworth, MD, Blehar, MC, Waters, E., Wall, S. (1978). Modèles d’attachement . Hillsdale, NJ : Erlbaum.
  • Sue Johnson (2013). Serre moi fort. Edition First.

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