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Dépression Post Partum : Déf, Durée, Signes, Traitement

Antoine Peytavin et son équipe de psychologues de Psychologue.fr, diplômés et enregistrés au RPPS, rédigent et valident chaque article avec la plus grande rigueur.

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Porter puis donner la vie sont des moments exceptionnels et extraordinaires dans la vie d’une femme. Ils sont également le synonyme de bouleversements sur bien des plans : hormonaux, affectifs et relationnels ; ils chamboulent la vie quotidienne. La période suivant la naissance d’un enfant (le post-partum) est souvent considérée comme une phase de bonheur et de joie intenses. Cependant, pour certaines femmes, elle est assombrie par un trouble mental grave connu sous le nom de dépression post-partum. Cette pathologie, qui affecte les femmes après l’accouchement, diffère du « baby blues » plus courant et moins sévère.

La dépression postnatale reste taboue, notamment car, pour tout un chacun, l’arrivée d’un bébé doit être vécue comme le plus beau moment de notre vie. Lorsque ce n’est pas le cas, la mère porte le poids de la culpabilité et a du mal à s’ouvrir sur les difficultés qu’elle rencontre. Or, la dépression du post-partum peut avoir un impact significatif sur sa vie, celle de son bébé et de sa famille dans son ensemble. Il est donc essentiel de comprendre et de reconnaître ses signes afin de pouvoir la traiter.

Qu’est-ce que la dépression post-partum ? (Définition)

La phase post-partum, aussi appelée puerpéralité, est une véritable mini-révolution sur le plan psychique, physique, affectif et bien évidemment hormonal. La charge émotionnelle et le stress qui l’accompagnent obligent à changer ses habitudes, à trouver de nouveaux repères et à passer de la vie de couple à celle de parents.

Ces bouleversements peuvent être propices à l’apparition de la dépression post-partum. Également connue sous le nom de dépression postnatale, ou de DPP, elle est un trouble de santé mentale qui se manifeste chez certaines femmes peu de temps après avoir donné naissance à un enfant. Elle se caractérise par des symptômes dépressifs persistants qui peuvent affecter considérablement la vie quotidienne de la mère, son bien-être émotionnel, sa relation avec son bébé et ses interactions avec les autres.

Elle survient le plus souvent entre 2 et 8 semaines après l’accouchement, mais reste possible jusqu’à un an après la naissance. La DPP n’est pas un simple sentiment de tristesse, mais une anxiété intense pouvant affecter la création des liens de l’attachement entre la mère et son bébé. Elle est générée par une impression d’être dépassée par les événements, la peur de ne pas parvenir à s’occuper de son nouveau-né et un doute sur ses capacités à être une “bonne mère”. La crainte irrationnelle que quelque chose de terrible va arriver à son enfant est fréquemment observée.

Notez que la dépression post-partum peut survenir chez n’importe quelle femme, indépendamment de son histoire personnelle ou de son statut socio-économique.

Cette dépression est une maladie sérieuse et complexe qui nécessite une attention particulière. Si vous ou quelqu’un de votre entourage présentez ces symptômes, consultez un professionnel de santé qualifié pour un diagnostic et un traitement appropriés.

Quelques facteurs de risque évoqués
Si chaque femme peut être touchée, certains facteurs de risque semblent toutefois identifiés. C’est le cas notamment des antécédents de dépression ou d’autres troubles de santé mentale, de difficultés relationnelles, de problèmes liés à la grossesse ou à l’accouchement, de manque de soutien social ainsi que de stress accru.

Les signes de la dépression post-partum (Comparaison avec le Baby Blues)

Comme évoqué en introduction, le baby blues est plus couramment retrouvé après l’accouchement que la dépression du post-partum. C’est une expérience émotionnelle normale et temporaire, souvent caractérisée par des sautes d’humeur, de l’anxiété et de la sensibilité accrue alors que la dépression est plus sévère et plus durable.

Le baby blues (aussi nommé syndrome du troisième jour) touche près de 60 % des femmes qui viennent d’accoucher : il est notamment dû à un effondrement de certaines hormones. Les mères qui en souffrent passent en quelques minutes du rire aux larmes ou de la joie au désespoir. L’évolution favorable, rapide (une dizaine de jours) en l’absence de traitement signe sa différence avec la dépression postnatale. Tous deux sont également différents de la déprime.

Baby bluesDépression post-partum
Touche 60 % des mèresTouche 10 à 15 % des mères
Expérience normale et temporaireTrouble sévère et durable
Évolution favorable sans traitementPrise en charge et traitement nécessaire
Sautes d’humeur

+ de l’anxiété et une sensibilité accrue

Anxiété intense

+ nombreux symptômes physiques et psychologiques

Quelle est la durée de la dépression postnatale ?

S’il n’y a pas de durée précise, car chaque mère est unique et différente, la DPP dure toujours plus de 2 semaines. Dans le cas contraire, il s’agit vraisemblablement d’un baby blues. De plus, la durée de la pathologie va aussi être dépendante de sa prise en charge. Si elle est diagnostiquée tôt et traitée rapidement, la guérison interviendra plus précocement qu’une dépression qui n’est pas soignée.

Quels sont les symptômes de la dépression du post-partum ?

Les signes de la dépression postnatale sont assez similaires à ceux de la dépression chronique, pathologie découpée en 5 phases, notamment à cause de ces effets cliniques. Ils touchent de nombreuses sphères et affectent la mère tant sur le plan physique que psychologique et émotionnel. De plus, cette forme de dépression peut possiblement évoluer vers un burn-out parental, voire une psychose puerpérale. Un test de dépistage existe, n’hésitez pas à le demander si vous présentez les signes évoqués ici.

Les symptômes physiques fréquents

Les signes physiques sont nombreux dans la dépression du post-partum. Si vous en souffrez, vous avez sans nul doute constaté :

  1. Une fatigue intense, un épuisement permanent ;
  2. Des pleurs fréquents, inexpliqués et incontrôlables ;
  3. Des changements dans votre appétit, voire des troubles du comportement alimentaire ;
  4. Un manque chronique d’énergie, dû en particulier à la fatigue ;
  5. Des troubles du sommeil : vous dormez trop ou pas assez ;
  6. Une somnolence fréquente.

Les symptômes psychologiques omniprésents

Les signes psychologiques sont eux aussi nombreux et observés dans la plupart des cas, allant de l’irritabilité aux idées suicidaires. Prenez du recul durant quelques minutes et faites l’inventaire de vos ressentis. Si vous présentez une partie ou tous les symptômes suivants, il est important de briser le silence et de consulter.

  1. Une irritabilité constante, tout vous agace ;
  2. Une profonde tristesse sans raison apparente ;
  3. Une tendance à vous isoler ;
  4. Une faible estime de soi ;
  5. Un sentiment de culpabilité et de dévalorisation : vous avez l’impression d’être un mauvais parent et de ne pas savoir comment faire ;
  6. Des ruminations : des idées irrationnelles s’imposent à vous et vous pensez sans cesse au pire pour votre personne et votre enfant ;
  7. Des interactions compliquées avec votre bébé, ce qui peut provoquer des troubles de l’attachement ;
  8. Une perte d’envie et de volonté pour tous les actes de la vie quotidienne, un désintérêt pour les activités et une baisse de la libido ;
  9. Une anxiété extrême, surtout au sujet du bien-être de votre nouveau-né ;
  10. Des idées suicidaires.

Comment savoir si je fais une dépression post-partum ?

Une échelle d’auto-évaluation (EPDS : Edinburgh Postnatal Depression Scale) constituée de 10 questions a été élaborée par les docteurs Cox, Holden et Sagovsky en 1987. Ce questionnaire est extrêmement simple d’utilisation et peut être proposé à toutes les femmes qui viennent d’accoucher. L’évaluation EPDS permet de donner un premier aperçu de l’état de santé psychologique de la mère et de dépister précocement un risque ou une entrée dans la DPP.

Les parents adoptifs aussi !

Souvent méconnue, la dépression postnatale est également possible chez les parents adoptants. Même si les changements hormonaux liés à l’accouchement ne peuvent être évoqués ici, la peur de ne pas être à la hauteur est bien présente. Dans la dépression postadoption, les parents ont habituellement le sentiment que les liens d’attachement avec l’enfant ne se passent pas comme ils l’avaient imaginé ou rêvé.

Quels sont les traitements de la dépression post-partum ?

La dépression postnatale peut avoir de graves conséquences sur la mère, le père, mais également sur le développement du lien d’attachement entre le bébé et ses parents. Le risque si celui-ci n’est pas satisfaisant est un développement cognitif, affectif et social perturbé, des problèmes émotionnels ou encore des carences affectives chez l’enfant en devenir.

C’est pourquoi une prise en charge, idéalement précoce, est indispensable pour la santé et le bien-être de toute la famille. Elle passe possiblement par la prise d’antidépresseurs, le soutien par des thérapies, des conseils adaptés, mais également par la prise en considération du rôle du père.

1. Utilisez les antidépresseurs (en accord avec votre médecin ou psychiatre)

La Brexanolone (Zulresso) est disponible aux États-Unis depuis 2019. Elle a démontré son efficacité ces dernières années. Contrairement à la plupart des autres antidépresseurs, elle agit sur les récepteurs hormonaux. Cette molécule est identique à une hormone dont la concentration explose lors de la grossesse et s’effondre après l’accouchement : l’alloprégnanolone. Or, dans certains cas, c’est cette baisse brutale qui entraîne la dépression, même si elle n’est généralement pas la cause unique de l’apparition de la pathologie.

Administrée par perfusion, sous supervision médicale, elle rétablit l’équilibre hormonal. La molécule agit en moins de 2 jours, contre plusieurs semaines pour les antidépresseurs plus conventionnels. La mauvaise nouvelle est que le Zulresso n’est, à ce jour, pas encore disponible en France.

De fait, les antidépresseurs plus conventionnels sont toujours en usage aujourd’hui. Les principaux traitements sont les tricycliques et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Si vous allaitez, votre médecin vous proposera les antidépresseurs les plus adaptés.

Les autres traitements médicamenteux possibles
Outre les antidépresseurs, les anxiolytiques sont fréquemment utilisés dans le cadre du traitement de la DPP. En effet, comme vous l’avez vu, l’anxiété est l’un des signes majeurs de la maladie. Certains médecins vous prescriront aussi l’application de patchs d’œstrogènes, dont le taux chute après l’accouchement. Ils sont compatibles avec un allaitement.

2. Démarrez une thérapie avec un psychologue

La psychothérapie, les thérapies cognitivo-comportementales, les thérapies de soutien ou encore les groupes d’entraide sont possibles, et même largement recommandées pour traiter la dépression post-partum. Elles sont utilisées seules ou en complément des traitements médicamenteux.

Parlez-en avec votre médecin pour trouver celle qui vous conviendra le mieux, en fonction de vos besoins et de vos attentes.

Penser au préventif pour éviter le curatif

Et s’il était possible de prévenir la dépression postnatale ? Pour cela, voici quelques actions simples et concrètes, à mettre en œuvre dans la mesure du possible :

  • Si vous avez des antécédents de dépression, parlez-en à votre médecin ;
  • Prenez connaissance, ainsi que le futur papa, des symptômes de la maladie ;
  • Pratiquez une activité qui vous apporte de la sérénité et du plaisir, même pendant et après la grossesse, lorsque celles-ci sont compatibles ;
  • Reposez-vous dès que possible, même après la naissance, lorsque votre bébé dort, par exemple ;
  • Demandez de l’aide aux membres de votre famille et à votre entourage pour prendre du temps pour vous et votre couple ;
  • Sortez, aérez-vous, faites des balades courtes, avec ou sans bébé ;
  • Acceptez de ne pas pouvoir tout gérer seule et d’apprendre votre nouveau rôle de maman au fur et à mesure. Faites-vous confiance ;
  • Parlez, ouvrez-vous et n’ayez pas peur de l’opinion des autres ;
  • Si vous avez des doutes, faites le test EPDS, il est simple et rapide ;
  • Consultez un professionnel de santé si nécessaire.

Cette dépression particulière ne doit pas rester taboue, par crainte du jugement. Si la société bien-pensante estime que la femme qui vient de donner naissance se doit d’être heureuse et pleinement épanouie, rappelons ici que ce n’est pas toujours le cas. Il ne convient pas alors d’apporter son opinion, mais plutôt d’opter pour un rapport de bienveillance, d’empathie et porter secours.

 

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